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chap. xiii. — manœuvres stratégiques.

manœuvre différente, on en a déduit des règles et des maximes distinctes aussi fausses les unes que les autres, tandis que les quatre membres des deux antithèses constituent foncièrement les parties intégrantes indispensables d’une seule et même chose et doivent être considérés comme tels.

7. Dans la première antithèse, il est absolument impossible de dire quel est celui des deux membres auquel, d’une façon générale, il convient de donner la préférence. Il faut cependant reconnaître que la concentration des forces de l’attaqué est le véritable contrepoids et l’antidote naturel de l’action enveloppante de l’attaquant, et qu’en agissant comme ils le font ici, c’est à-dire le premier en restant sur ses lignes intérieures et le second en cherchant à entourer l’autre, les adversaires adoptent précisément la forme d’action qui convient le mieux au rôle que chacun d’eux a à remplir. C’est là ce qui fait que, des deux antithèses, on voit plus fréquemment la dernière se produire. En pareil cas la prépondérance doit rester à celle des deux formes qui est le plus habilement maniée.

8. Les membres de la seconde antithèse ne se subordonnent pas davantage l’un à l’autre. Le plus fort des deux adversaires peut répartir ses troupes en plusieurs postes, ce qui, à bien des points de vue, diminue leurs fatigues et lui procure à la fois une situation stratégique meilleure et une action plus commode. Le plus faible, au contraire, doit se tenir plus concentré et chercher à compenser le désavantage qui en pourrait résulter pour lui par une grande mobilité mais, pour en arriver là, il lui faut nécessairement montrer un degré supérieur d’habileté dans les marches et exiger moralement et physiquement d’extrêmes efforts de la part des troupes, résultat final auquel nous parviendrons toujours si nous