Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
l’offensive.

l’attaquant devra nécessairement faire entrer dans le calcul de la résistance qu’il rencontrera tous les avantages que, dans le paragraphe précédent, nous venons de reconnaître appartenir à la défense. Telles sont les causes de la crainte qui s’empare d’habitude des généraux en chef en présence d’une rivière défendue.

3. Nous avons déjà vu, dans le livre précédent, que par elle-même et dans certaines conditions la défense des cours d’eau promet d’excellents résultats. Or il est d’expérience que ces conditions se présentent bien plus fréquemment que la théorie ne le laisse espérer, par la raison qu’elle doit appuyer ses affirmations sur des données effectives, tandis que, dans l’application, l’attaque estime généralement les difficultés à surmonter bien au-dessus de ce qu’elles sont réellement, ce qui contribue encore à paralyser son action.

Qu’il s’agisse maintenant d’une offensive sans direction énergique et ne recherchant pas de grandes solutions, on peut affirmer qu’au courant de l’action il surgira une quantité de hasards et d’obstacles dont la théorie ne saurait tenir compte et qui tourneront au désavantage de l’attaquant, par le fait même qu’ayant l’initiative il entrera le premier en conflit avec eux. Il suffit, à ce propos, de se rappeler avec quel succès, malgré leur faible importance, les cours d’eau de la Lombardie ont souvent été défendus. Si, par contre, il se rencontre aussi, dans l’histoire des guerres, des défenses de rivière qui n’ont pas produit ce qu’on en attendait, cela tient à ce que, s’exagérant l’efficacité de ce moyen révélé par l’expérience, on a parfois voulu en tirer des effets absolument disproportionnés et qui ne répondaient pas à sa nature tactique.

4. Le défenseur commettrait une grande faute de placer tout son espoir dans la défense d’un cours d’eau. Il s’exposerait ainsi aux plus grands embarras, voire