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la défensive.

et s’y réorganiser. Néanmoins, et si critiques que fussent les circonstances, Magdebourg servit encore de point de rassemblement aux derniers restes de l’armée de Hohenlohe qui, là seulement, refit son apparition.

Ce n’est qu’à la guerre que l’on peut se rendre un compte exact de la bienfaisante influence que la proximité d’une place forte amie exerce dans les circonstances défavorables. Non seulement elle procure ce dont on a matériellement besoin, de la poudre, des armes, de l’avoine et du pain, mais elle fournit un abri aux malades, et, par son voisinage, raffermit les hommes valides et donne le temps de la réflexion aux timides et aux effrayés. En pareille circonstance on peut vraiment comparer une place forte à une oasis située au milieu du désert.

On voit que l’action extérieure des forteresses commence à s’accuser d’une manière sensible dans les quatre destinations que nous venons d’étudier sous les numéros 3, 4, 5 et 6.


7o  Les places fortes sont les boucliers de la défense.


Placées en avant de la ligne de défense, elles constituent des écueils que l’envahisseur ne saurait se contenter d’éviter. Il ne peut, en effet, les laisser libres sur ses derrières et doit de toute nécessité les bloquer, afin d’en annihiler les garnisons. Or, pour peu que ces garnisons fassent leur devoir, c’est là un résultat auquel l’attaque ne peut atteindre qu’en consacrant à chaque blocus un nombre d’hommes double de celui de la garnison de la place bloquée. Ces garnisons peuvent en outre être, et sont effectivement composées en partie de bourgeois armés, de landwehr à moitié formée, de landsturm, d’hommes malingres, etc., toutes troupes que le défenseur peut avec profit employer au service des