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la défensive.

tées, alors même qu’il s’agit d’une place de guerre de premier ordre possédant une très forte garnison. En effet, les détachements de cette garnison chargés d’exécuter les sorties ne peuvent généralement être numériquement que très inférieur aux forces opposées qui tiennent la campagne, et le diamètre de leur cercle d’action ne peut que rarement dépasser une ou deux journées de marche. Que la forteresse soit de moindre importance, les détachements qui en sortiront seront encore plus insignifiants, et souvent ne pourront s’aventurer au delà des villages les plus proches.

Par contre les corps amis étrangers à la place, et qui par cela même ne sont pas de toute nécessité astreints à y rentrer, jouissent dans son voisinage d’une beaucoup plus grande indépendance d’action. On comprend facilement, dès lors, que lorsque les circonstances s’y prêtent, ces corps augmentent considérablement l’influence extérieure des forteresses sous la protection desquelles ils opèrent.

Les considérations que nous venons d’énoncer nous conduisent à regarder les places fortes comme les points d’appui les plus importants de tout le système défensif d’un pays. En effet :

1o Elles abritent les grands magasins d’approvisionnements de la défense ;

2o Elles lui conservent ses villes les plus riches et ses plus grands centres de population ;

3o On peut les considérer comme les serrures des barrières que l’attaque rencontre dans sa marche ;

4o Elles forment d’excellents points d’appui tactiques ;

5o Elles constituent des stations abritées ;

6o Elles offrent des points de refuge aux corps battus ou trop faiblement constitués ;

7o Elles sont les boucliers de la défense ;