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la défensive.

renferme foncièrement en soi l’idée de la riposte. L’équilibre dynamique qui doit toujours exister entre les deux formes de la guerre cesserait en effet d’être complet si, même dans le cas le plus favorable, la défense s’en tenait uniquement au tort causé à l’attaque par la plus heureuse résistance suivie d’une réaction si limitée.

Nous répétons donc qu’en tant que forme de guerre la défense présente plus de force et de garantie de victoire que l’attaque, mais nous laissons aux circonstances à décider quand il sera opportun de chercher à pousser la victoire au delà du but restreint vers lequel, en principe, elle doit toujours pour le moins tendre.

Il va de soi cependant qu’aussi longtemps que la défense n’est qu’expectante elle ne peut que conditionnellement se proposer de vaincre, c’est-à-dire seulement si l’ennemi attaque réellement. Dans le cas contraire la défense doit se contenter de rester en possession du territoire que son but immédiat est de garantir, et ce n’est qu’en se bornant tout d’abord à cet objectif modeste, qu’elle peut se promettre, s’il lui faut passer à l’action directe, de tirer le plus grand parti possible de la forme de guerre la plus avantageuse.

Cela posé, représentons-nous une armée attendant l’apparition de l’ennemi sur le théâtre de guerre qu’elle a reçu mission de défendre. La défense peut alors faire usage de l’un des quatre procédés suivants :

1o  L’armée attaque l’ennemi dès que celui-ci pénètre sur le théâtre de guerre (Mollwitz, Hohen-Friedberg).

2o  Elle prend position près de la frontière, attend que l’ennemi se porte sur cette position, et, le prévenant alors, passe elle-même directement à l’attaque (Czaslau, Soor, Rossbach).

Dans ce second mode l’action de la défense est déjà