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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

cinq campagnes que dans les campagnes précédentes.

Il serait utile d’ajouter quelques règles générales à l’exposition que nous venons de faire des procédés qui conviennent à la défense d’un théâtre de guerre sur lequel, de part et d’autre, on ne recherche pas de grande solution, mais, alors que l’expérience seule devrait guider quand il s’agit d’un sujet de si variable nature, l’histoire elle-même ne fournit que des exemples si constamment différents, qu’il est absolument impossible d’en déduire une méthode. La guerre à grandes solutions est non seulement plus simple mais plus naturelle, son action est plus logique, plus objective, mieux déterminée et nécessairement plus constante, et, par tous ces motifs, on peut raisonnablement en tirer des formes et des règles, tandis qu’il est bien difficile d’en découvrir et d’en formuler pour le jeu de péréquation des forces. Les deux grands principes assez récemment introduits dans la théorie de la guerre, la largeur de la base de Bulow et la position sur la ligne intérieure de Jomini, n’ont pas révélé une grande efficacité dans leur application à la défense d’un théâtre de guerre. Ces principes ne représentant que de simples formes, c’est dans les manœuvres stratégiques, où l’action se développe sur de plus grands espaces de terrain et de temps, qu’ils devraient exercer le plus d’influence. Or ils n’ont précisément montré là qu’une efficacité contestable, restreinte même à certains cas isolés.

Il est clair, par contre, que les différences qui se présentent entre les caractères des armées opposées et de leurs chefs, entre les moyens dont ces derniers disposent et les situations respectives dans lesquelles ils se trouvent, doivent exercer ici une influence capitale et, par suite, imposer des principes généraux. L’étendue et le choix prudent des positions étaient les moyens d’action de Daun, tandis que le grand Frédéric trouvait