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ch. xxx. — défense sans recherche de solution.

l’action militaire. C’est l’action réciproque sur les lignes de communications qui exerce ici l’influence capitale. De part et d’autre, en effet, décidés à éviter systématiquement tout acte résolutif puissant, les adversaires sont naturellement portés à recourir à ce procédé qui ne demande qu’une médiocre énergie et atteint lentement ses résultats. Dès lors la sûreté des lignes de communications devient, de chaque côté, un objet de haute importance. L’attaquant, il est vrai, a ici une certaine infériorité en ce que sa situation ne lui permet pas de songer à interrompre formellement les lignes de communications de la défense, mais, en menaçant ces lignes, il peut néanmoins forcer son adversaire à battre en retraite et à abandonner ainsi une partie du territoire jusque-là conservé.

La formation des troupes et toutes les dispositions prises en vue de la protection du théâtre de guerre doivent donc avoir aussi pour objet de couvrir les lignes de communications de la défense. Or les détachements de plus ou moins forts effectifs auxquels on confie l’escorte des convois isolés fournissent ici un élément de sécurité qui est particulièrement précieux lorsque le général a cherché à éviter d’étendre sa formation, ou lorsque l’étendue même de celle-ci ne suffit pas à protéger les lignes de communications. C’est là ce qui explique le grand nombre de cas relatés par Tempelhof dans son histoire de la guerre de Sept Ans, dans lesquels le grand Frédéric confia l’escorte de ses convois de pain ou de farine à des régiments de cavalerie ou d’infanterie, voire même, parfois, à des brigades entières. Les Autrichiens n’agirent jamais ainsi, par contre, ce qui vient évidemment de ce qu’ils prirent toujours des positions beaucoup plus étendues.

Jusqu’ici nous n’avons considéré qu’au point de vue de la résistance passive les quatre procédés que le dé-