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la défensive.

fantôme dans l’étude de cette question, il convient de se représenter toujours l’emploi des populations insurgées comme uni à celui d’une armée permanente, et le plan général des opérations militaires basé sur l’action combinée de ces deux instruments.

Les conditions qui peuvent seules rendre productive la participation armée des populations à la guerre sont les suivantes :

1o  La guerre doit être entraînée dans le cœur du pays.

2o  La capacité de résistance de la défense doit être telle qu’une catastrophe unique ne la puisse épuiser.

3o  Le théâtre de guerre doit s’étendre à une portion considérable du territoire.

4o  Le sentiment national et le caractère des populations doivent appuyer la mesure.

5o  Des montagnes, des forêts, des marais, ou le mode de culture du pays doivent en rendre l’accès très difficile.

Ce sont les hommes qui font le moins défaut dans ce cas, il importe donc peu que la population soit nombreuse ; qu’elle soit riche ou pauvre n’a pas non plus grande valeur, ou, du moins, n’en devrait pas avoir. On ne saurait méconnaître, cependant, qu’une population habituée à de rudes labeurs et à de grandes privations offre plus de garanties d’aptitude et de résistance aux fatigues de la guerre.

Le théâtre de guerre présente une circonstance particulièrement favorable à l’insurrection lorsque, ainsi que cela se rencontre dans de nombreuses provinces en Allemagne, les habitations des paysans, au lieu d’être agglomérées, sont très distantes les unes des autres. Le terrain en devient à la fois plus couvert et plus coupé ; les chemins, bien que plus nombreux, sont plus mauvais ; le cantonnement des troupes est soumis