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la défensive.

amener dans les cas exceptionnels où on y a recours aussi bien qu’à cause des mesures préventives par lesquelles il convient de s’y opposer, nous estimons qu’il y a lieu d’en faire ici la claire exposition.

Bien que l’attaque puisse, comme la défense, tirer un utile usage des actions sur les flancs stratégiques, nous les rangerons cependant parmi les moyens défensifs, parce que c’est avec la défense qu’elles ont le plus d’analogie.

Avant d’aller plus loin, nous poserons un principe primordial qu’il ne faudra jamais perdre de vue pendant tout le temps que nous nous occuperons de ce sujet, à savoir : que les troupes qui reçoivent mission d’agir sur les flancs et sur les derrières de l’ennemi sont définitivement perdues pour l’action directe sur le front, de sorte que tenir le fait seul d’apparaître sur les derrières de l’ennemi pour un résultat est une idée aussi fausse en tactique qu’en stratégie. Considéré isolément ce résultat est nul. Il n’a de valeur relative qu’en raison des conditions qui l’accompagnent, et devient avantageux ou préjudiciable selon ce que sont ces conditions.

Passons donc à l’étude de ces conditions.

Il convient tout d’abord de distinguer les deux objets que peut avoir une action sur les flancs stratégiques de l’ennemi. On peut se proposer, par cette manœuvre, soit de menacer les lignes de communications de l’adversaire, soit de lui couper la retraite.

Lorsque, en 1758, Daun envoya des corps de partisans attaquer les convois destinés aux troupes qui assiégeaient Olmutz, il n’avait manifestement pas l’intention d’empêcher le Roi de se mettre en retraite sur la Silésie. Il eût au contraire bien ardemment désiré l’y inciter, et se serait même volontiers retiré pour lui livrer passage.