Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.
229
chap. xxii. — le cordon.

l’on établit en avant des armées pour les couvrir, et auxquelles, pour les rendre aptes à cette mission, on est obligé de donner une certaine force de résistance.

Destinée surtout à empêcher les incursions et autres petites opérations des partisans contre la sûreté des cantonnements isolés, cette disposition défensive suffit à ce but quand le pays s’y prête, mais, contre le gros de l’armée ennemie, sa résistance ne doit être que relative, c’est-à-dire faire gagner du temps. Ce gain de temps constitue même, dans la majorité des cas, un avantage de trop faible importance pour que ce soit jamais là le but unique que l’on se propose de l’établissement d’une ligne ou cordon d’avant-postes. La concentration et l’approche de l’armée ennemie ne peuvent, en effet, se produire assez secrètement pour que le défenseur n’en soit informé que par les rapports de ses postes avancés. Ici encore on ne forme donc le cordon que pour s’opposer aux petites opérations de l’attaque, et, dans ce but, la disposition n’est pas plus hors de propos que dans les deux cas précédents.

Par contre, lorsqu’on voit le gros d’une armée chargée de la défense d’une contrée s’étendre en une longue ligne de postes défensifs et former le cordon en face du gros de l’armée attaquante, cela paraît à première vue si contraire au bon sens, que nous croyons devoir exposer dans quelles circonstances particulières un pareil fait peut se produire.

En terrain montagneux, lorsqu’elle est prise en vue d’une bataille à livrer avec toutes les forces réunies, une position doit et peut nécessairement être plus étendue qu’en plaine. Elle le peut, parce que le concours du terrain augmente considérablement les moyens de résistance ; elle le doit, par la raison qu’il convient, dans les montagnes, de se ménager une base de retraite plus large. Lors même qu’une bataille générale n’est pas