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la défensive.

immédiate de cours d’eau se rapproche toujours, au moins sous le rapport du développement de la ligne, du système de cordons. Or, contrairement à celui des formations concentrées, ce système est absolument impuissant contre les mouvements tournants de l’attaque. Là où un mouvement tournant est possible, la défense immédiate d’un fleuve, quelques heureux résultats qu’elle puisse promettre en d’autres circonstances, devient donc une entreprise des plus dangereuses.

Si nous passons maintenant à l’étude du développement d’une ligne de défense fluviale, il va sans dire que chacun des points du cours d’eau se prête plus ou moins au passage de l’ennemi. On peut certainement fixer quelques règles générales de défense à cet égard, mais, en somme, les circonstances locales se présentent constamment dans des conditions si différentes les unes des autres, que le simple examen d’un cours d’eau, appuyé des renseignements recueillis près des habitants, aura toujours plus de valeur que tous les préceptes théoriques.

Nous nous bornerons donc à dire d’une façon générale, que les objets qui apportent le plus d’aide au passage d’un cours d’eau sont les routes qui conduisent sur ses rives, les affluents qui s’y déversent, les villes qu’il baigne, et surtout les îles qui émergent de son lit. Quant au commandement de l’une des rives sur l’autre et aux sinuosités que décrit le cours d’eau au point de passage choisi, bien que tous les livres d’art militaire en fassent spécialement mention, ce sont là des circonstances qui ne sauraient exercer de sérieuse influence qu’au cas où la défense serait absolument directe, ce qui ne peut se présenter que très exceptionnellement, ou, pour mieux dire, alors seulement qu’il s’agit des plus grands fleuves.

Il va de soi que toutes les circonstances qui peuvent