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chap. xiii. — positions fortes, camps retranchés.

lui attribuera une puissance qu’elle n’aura pas en réalité. Il faut considérer, dans ce dernier cas, qu’on s’expose au danger que, ne se laissant pas tromper par les apparences, l’ennemi ne continue résolument sa marche en avant, et qu’il ne soit plus possible à la défense d’atteindre en temps utile le point menacé.

Si la position n’est occupée que par une fraction plus ou moins considérable de l’armée de la défense, l’envahisseur pourra choisir un autre objectif, puisque ce pourra précisément être le gros des forces de la défense. Dans ce cas l’action de la position se trouvera limitée à ce qu’elle pourra produire contre les flancs stratégiques de l’ennemi.

b) Si, au contraire, l’attaquant n’ose pas passer outre, il peut investir la position et, en l’affamant, la réduire à se rendre. Mais cette opération est soumise à deux conditions. Il faut que la position n’ait pas un libre accès sur ses derrières, et que l’attaquant dispose d’assez de forces pour la complètement investir. Si ces deux conditions se réalisent, il est certain que la position forte neutralisera encore pendant un certain temps l’action de l’attaque, mais, en fin de compte, le défenseur payera cet avantage de la perte de ses troupes.

Nous concluons de ces considérations que l’on ne doit placer le gros de l’armée dans une position forte que dans les conditions suivantes :

aa) Lorsque la position est solidement adossée comme à Torrès Vedras.

bb) Alors que l’on prévoit que l’ennemi n’aura pas une supériorité numérique telle qu’il puisse formellement investir la position. Si l’ennemi, ne disposant que de forces insuffisantes pour l’investissement, doit cependant l’effectuer, il nous fournira alors l’occasion de sortir avec succès de nos retranchements, de le percer et de le battre en détail.

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