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chap. xiii. — positions fortes, camps retranchés.

considérations ne visent encore que les résultats tactiques, mais elles étaient nécessaires, et vont maintenant nous permettre de fixer avec précision l’existence de ce moyen stratégique. Pour donner plus de clarté à cette étude, nous renvoyons le lecteur aux exemples de Pirna, Bunzelwitz, Colberg, Torres-Vedras et Drissa.

Passons maintenant aux propriétés stratégiques des positions fortes.

La première condition est naturellement que les troupes qui seront placées dans la position aient leur entretien assuré pour tout le temps que devra présumablement durer son action. Or cette condition ne peut être atteinte, et encore à des degrés différents, que dans les trois cas suivants :

1o  Si la position est adossée à un port de mer comme à Colberg et à Torres-Vedras ;

2o  Si elle est en communication prochaine avec une place de guerre comme à Bunzelwitz et à Pirna ;

3o  Si elle possède en elle-même ou à proximité de nombreux approvisionnements comme à Drissa.

L’entretien des troupes ne sera suffisamment assuré que dans le premier des trois cas ; dans le second et dans le troisième il sera déjà moins certain, et l’on aura toujours quelque danger à courir sous ce rapport.

On voit que l’on peut trouver quantité de points qui conviendraient parfaitement à l’emplacement d’une position forte, et que l’on est néanmoins obligé de rejeter par le seul fait que leur situation ne répond pas à cette première et indispensable condition. Il est donc très rare qu’une position réunisse toutes les qualités qui en font une position forte.

Pour se rendre compte de l’action que peut produire une position forte et reconnaître les avantages et les dangers qu’elle présente, il faut voir ce que l’ennemi peut entreprendre contre elle.