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chap. xi. — places fortes.

toutes les fois que l’étendue des lignes de communications de l’ennemi et la difficulté de son entretien pourront concourir à sa défaite. Ce sont là des considérations dont doit foncièrement tenir compte toute nation qui, par une cause ou par une autre, peut particulièrement avoir recours au procédé défensif basé sur la retraite dans l’intérieur du pays. Enfin si l’on comprend bien toute l’importance qu’il y a, lorsque d’ailleurs les conditions le permettent, à fortifier la capitale, les chefs-lieux administratifs et les grands centres commerciaux, si l’on considère que les grands fleuves qui traversent le pays, ainsi que les chaînes de montagne et les grandes coupures de terrain qui s’y trouvent fournissent de nouvelles lignes de défense, qu’il se rencontre de nombreuses villes qui par leur situation naturelle présentent de grands avantages à ce qu’on en fasse des forteresses et, pour terminer, que les grands établissements militaires tels que les fabriques d’armes et les fonderies de canons valent bien la peine qu’on les fortifie et qu’on les éloigne de la frontière, on verra que, tout bien pesé, on est toujours plus ou moins porté à avoir des places fortes intérieures. Notre opinion est donc que si c’est avec raison que, dans les États qui ont beaucoup de places fortes, le plus grand nombre en est placé à la frontière, il est, par contre, très désavantageux de n’en avoir pas à l’intérieur. Nous croyons, par exemple, que c’est là un défaut qui existe à un degré sensible en France.

C’est alors surtout que les provinces frontières manquent absolument de villes importantes, et que ces dernières ne se rencontrent que beaucoup plus avant vers le centre de l’État, qu’il devient extrêmement difficile de résoudre la question. C’est le cas pour l’Allemagne du Sud, où l’on ne trouve que quelques rares grandes villes en Souabe, tandis que la Bavière