Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
chap. x. — places fortes.

dans la pratique, se contenter d’admettre sommairement la valeur couvrante d’une forteresse pour une ligne de cantonnements, mais bien examiner à fond tous les cas particuliers qui peuvent se présenter, et aviser par avance à chacun d’eux.


9o  Les places fortes protègent les provinces non occupées.


À la guerre, toute province qui confine au théâtre de guerre proprement dit est toujours plus ou moins exposée aux incursions des partisans ennemis, selon qu’elle n’est pas occupée ou ne l’est que par un nombre de troupes insuffisant. Dans l’un comme dans l’autre cas, une place forte d’une certaine importance, située dans cette province, passe pour en assurer la protection, ou du moins la conservation. Nous admettons la seconde de ces assertions, en ce sens qu’effectivement l’attaquant, tant qu’il ne s’est pas emparé de la place, n’est pas virtuellement maître de la province, et que le défenseur, gagnant ainsi du temps, en peut profiter pour organiser et compléter la défense. Quant à protéger la province, nous trouvons que la place n’est en état de le faire que d’une manière aussi indirecte qu’incomplète. En effet, elle ne peut s’opposer que par son action extérieure aux coups de main des partisans, et, si ce résultat est limité à l’action seule de la garnison, il n’atteindra jamais qu’une faible portée, sans devenir bien considérable alors même que de petits détachements extérieurs battraient la campagne dans la zone de protection que la place leur peut accorder.

ii. 7