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chap. xv. — base d’opérations.

ralement seul en situation de fournir aux seconds. Il se présente sans doute parfois des exceptions à ce sujet, mais ces exceptions sont toujours rares et sans grande portée, de sorte qu’il faut ne jamais perdre de vue la distinction que nous venons d’établir, et la regarder comme une preuve nouvelle de la nécessité absolue pour une armée, de rester toujours en communications directes avec le pays de sa formation.

Que ce soit en territoire national ou en pays ennemi, les vivres et les fourrages sont la plupart du temps emmagasinés dans des localités ouvertes, tout d’abord parce que l’on ne saurait jamais rencontrer un nombre assez grand de places fortes pour y déposer les énormes quantités de ces approvisionnements de très prompte consommation et dont les distributions doivent se produire journellement sur des points sans cesse différents, puis parce qu’ils sont du nombre de ceux à la perte desquels on obvie le plus facilement. Quant aux objets de rechange et de remplacement tels que les armes, les munitions et les effets d’habillement, d’équipement et de harnachement, on ne doit jamais établir leurs dépôts, en pays ennemi, que dans des places fortes, et en cas d’impossibilité d’agir ainsi, quelles que soient la gêne et les difficultés qui puissent en résulter, il vaut mieux les tenir à une distance suffisante du théâtre de la guerre que les garder à proximité dans des localités ouvertes. Nous appellerons en passant l’attention du lecteur sur cette preuve nouvelle que l’importance d’une base d’opérations repose bien moins sur la question des subsistances que sur celle des remplacements.

Il va de soi que plus les masses des objets d’approvisionnement des deux catégories que l’on aura rencontrés ou qu’il aura été possible de réunir d’avance sur les derrières immédiats d’une armée seront grandes, et