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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

et s’il se pouvait rencontrer quelque part un ministre de la guerre assez ignorant ou assez borné pour méconnaître la nécessité absolue de ces rapports, et capable par suite, au début d’une guerre, de doter une armée de l’ancienne organisation administrative, la force même des circonstances imposerait bientôt le système des réquisitions sur place et y entraînerait inévitablement le général en chef. Si l’on considère, en outre, qu’aucun gouvernement ne possédant de superflu dans ses finances, les frais énormes qu’occasionnerait la création du matériel indispensable à un pareil service administratif diminueraient nécessairement d’autant les sommes que l’on pourrait consacrer à la généralité des armements ainsi qu’à l’augmentation des effectifs, on se rend bien compte que, pour que ce système reparût désormais dans les armées, il faudrait préalablement que les États belligérants s’entendissent par voie diplomatique à ce propos. Or c’est là une éventualité qu’un esprit sérieux ne peut admettre.

On peut donc regarder comme certain que dorénavant le service de l’alimentation des troupes reposera foncièrement toujours, au début d’une guerre et pendant un certain temps, sur le système des réquisitions sur place. Il va de soi que chaque gouvernement cherchera naturellement, au moyen de certaines dispositions administratives, à venir en aide à ce système et à alléger ainsi sur le sol national les charges que cette manière de procéder impose aux habitants ; mais néanmoins ces dispositions ne prendront jamais un grand développement, parce qu’en pareille occurrence on est tout d’abord conduit à ne satisfaire qu’aux plus pressants besoins, et que tel n’est pas le propre de l’entretien par voie administrative.

Cependant, lorsque l’action militaire sera plus indécise dans ses résultats et moins étendue dans ses mou-