Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/346

Cette page a été validée par deux contributeurs.
335
chap. xiii. — des cantonnements.

cantonnements en arrière d’un obstacle naturel capable de les couvrir. On fait alors observer l’ennemi en avant de cet obstacle par un grand nombre de petits détachements. On peut aussi couvrir les cantonnements par les places fortes en arrière desquelles on les établit. Dans de telles conditions l’ennemi est toujours dans l’incertitude de la force et de l’importance de la garnison de ces places, et cette incertitude lui inspire prudence et circonspection.

Nous nous réservons de consacrer un article spécial aux quartiers d’hiver fortifiés.

Les cantonnements d’une troupe en station diffèrent de ceux d’une troupe en mouvement en ce que pour éviter des détours qui augmenteraient encore les fatigues de la marche, on étend les seconds le long même des routes que l’on suit au lieu de leur donner autant de largeur qu’aux premiers. Une telle manière de procéder, pourvu que la distance entre les deux points extrêmes des cantonnements ne dépasse pas une petite journée de marche, est loin d’être défavorable à un prompt rassemblement.

Dans toutes les circonstances où selon l’expression consacrée on se trouve en présence de l’ennemi, c’est-à-dire toutes les fois que les corps avancés des deux partis ne sont séparés que par un espace peu considérable, on fixe l’emplacement et la force de l’avant-garde et des avant-postes en raison de l’étendue des cantonnements et du temps nécessaire au rassemblement général des troupes qui les occupent ; mais, par contre, dès que cette fixation de l’emplacement et de la force effective des corps couvrants résulte tout d’abord des circonstances mêmes ou des dispositions de l’ennemi, il va de soi que ce sont alors les cantonnements dont l’étendue doit dépendre de l’emplacement de l’avant-garde et des avant-postes, ainsi que du temps dont leur résistance