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les forces armées.

son armée en deux grandes subdivisions, obéissant chacune à un commandement particulier. Pour tout homme d’expérience la chose est indiscutable[1]. Le résultat n’est guère meilleur lorsqu’on partage l’armée en trois grandes subdivisions, car on ne peut alors faire de mouvements habiles ou prendre de bonnes dispositions de combat qu’en fractionnant sans cesse ces trois grandes subdivisions, ce qui indispose promptement leurs chefs.

Plus le nombre des subdivisions augmente, et plus s’accroissent tout à la fois l’autorité du commandant en chef et la légèreté ainsi que la facilité de mouvement de l’armée. Ce sont là de sérieux motifs pour agir dans ce sens autant qu’il est possible de le faire. Or, comme dans une armée dont la direction exige un grand quartier général, on dispose de beaucoup plus de moyens de conduire les ordres jusqu’à leur exécution, que dans les corps d’armée ou dans les divisions dont l’état-major général est beaucoup plus restreint, le mieux nous paraît être, dans la généralité des cas, de ne pas fractionner l’armée en moins de 8 grandes subdivisions. On pourra même porter à 9 ou à 10 le nombre de ces subdivisions lorsque les circonstances s’y prêteront, mais au-dessus de ce chiffre la transmission des ordres conserverait difficilement la promptitude, la précision et la clarté désirables. Il ne s’agit pas

  1. À proprement parler, le commandement direct constitue la base du fractionnement effectif. Alors qu’un feld-maréchal a sous ses ordres une armée de 10 divisions de 10 000 hommes chacune, et que, ce qui se présente fréquemment au cours des opérations, il se trouve n’en conduire personnellement que les cinq premières, tandis que les cinq autres marchent sous la direction d’un autre général, on ne peut logiquement pas dire que le feld-maréchal commande en chef deux corps d’armée, mais bien six subdivisions.