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chap. v. — ordre de bataille de l’armée.

conclure de ce que nous avons dit jusqu’ici, que nous ne voudrions pas que la brigade se composât jamais de moins de 3 bataillons. Nous maintenons effectivement ce minimum et ne pensons pas trouver de contradicteurs à ce sujet ; mais il est plus difficile de fixer le maximum que peut atteindre le fractionnement organique d’une brigade. Régulièrement on considère la brigade comme la plus forte des subdivisions qui peuvent et doivent manœuvrer au commandement direct d’un chef, c’est-à-dire dont le développement ne doit pas s’étendre au delà de la portée de la voix humaine. Si l’on s’en tient à cette interprétation, l’effectif d’une brigade ne dépassera jamais le chiffre de 4 000 à 5 000 hommes et, par suite, la brigade ne pourra se composer que de 6 à 8 bataillons, selon la force effective de chacun de ces bataillons. Cependant il convient d’introduire ici un nouvel élément, la combinaison des armes, dans l’examen de la question, car il est unanimement admis aujourd’hui, en Europe, que cet élément doit entrer déjà dans la composition des grandes subdivisions d’armée. Mais les avis, unanimes sur le principe, se partagent dans l’application ; les uns ne veulent introduire la combinaison des armes que dans les masses de 20 000 à 30 000, c’est-à-dire dans les corps d’armée, tandis que les autres veulent qu’on y ait recours dès la formation des divisions, et par conséquent, dans les subdivisions de 8 000 à 10 000 hommes. Provisoirement nous ne prendrons aucune part à cette controverse, nous bornant à faire observer, ce que personne ne voudra sans doute contredire, que l’indépendance d’une subdivision d’armée résultant principalement de la combinaison des armes, il serait pour le moins désirable que cette combinaison entrât dans la composition de toute subdivision destinée à agir fréquemment isolée à la guerre. D’ailleurs, pour résoudre