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les forces armées.

longtemps sentir, sans qu’on eût pu jusqu’alors la réaliser.

Il est tout naturel que cette organisation ait tout d’abord été prise spécialement en vue de l’action pendant la bataille. À cette époque, la bataille constituait à proprement parler toute la guerre, et elle en est restée et en restera toujours la partie principale. L’ordre de bataille ressortit du reste plus à la tactique qu’à la stratégie, et si nous nous sommes étendu ici sur ces considérations, c’est que nous avons tenu à faire voir qu’en subdivisant tout d’abord l’armée en unités secondaires, la tactique n’a fait que devancer la stratégie et lui préparer le terrain. C’est ainsi que, tel que nous l’avons défini, l’ordre de bataille, sujet exclusivement tactique dans le principe, est peu à peu, sous bien des rapports, entré dans le champ de la stratégie, et tout particulièrement aux moments extrêmes où la tactique et la stratégie se touchent, comme par exemple alors qu’il faut faire passer les troupes de leur répartition générale en temps de paix, à leur arrangement particulier en vue d’une lutte imminente.

Nous sommes ainsi conduit à nous occuper du fractionnement organique des forces, de la répartition des armes et de l’ordre dispositif des troupes, au point de vue stratégique.


1o  fractionnement organique des forces.


La stratégie n’a jamais à déterminer quelle doit être la force d’une division ou d’un corps d’armée, mais bien en combien de corps ou de divisions il convient de fractionner une armée. Disons tout d’abord que rien ne saurait être plus illogique que de partager une armée en deux ou trois grandes subdivisions, car alors le com-