Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
le combat.

croyons devoir, dès le début, indiquer au lecteur le côté spécieux que présente la question.

Pénétrant maintenant au cœur du sujet, nous allons démontrer que, dans les cas les plus nombreux et les plus importants, la destruction directe des forces armées de l’ennemi est l’objet principal. Il nous faut donc, tout d’abord, combattre cette idée extrêmement subtile, en raison de laquelle certains théoriciens prétendent qu’il est possible, en ne recherchant directement qu’une destruction restreinte des forces de l’ennemi, d’arriver par d’adroites combinaisons à son épuisement indirect complet, ou, en d’autres termes, qu’au moyen de petits coups habilement portés, on exerce une telle influence sur sa volonté qu’on l’amène ainsi plus promptement à se soumettre. Sans doute un combat a plus de valeur sur un point que sur un autre, sans doute il importe de combiner habilement les combats entre eux, et c’est en cela que consiste l’art du stratège, mais nous soutenons néanmoins que la destruction directe des forces armées de l’adversaire doit primer partout et passer avant toute autre considération.

Nous devons rappeler cependant, que nous ne raisonnons ici exclusivement qu’au point de vue stratégique, et que par conséquent nous n’entendons pas parler des moyens dont dispose la tactique pour détruire les forces armées de l’ennemi pendant le combat, mais que sous l’expression de destruction directe, nous comprenons l’ensemble des résultats tactiques réalisés par le combat dans son entier. Notre assertion revient donc à dire que de grands résultats tactiques peuvent seuls conduire à de grands résultats stratégiques, ou en d’autres termes, ainsi que nous l’ayons déjà affirmé précédemment, que les résultats tactiques exercent une influence prépondérante sur la direction de la guerre.

La thèse nous paraît facile à soutenir et s’appuie sur