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une fonction propre ; le prisme, dans l’écartement calculé de ses trois angles et le concert de son triple miroir diédrique, enclôt tout le jeu possible de la réflexion et restitue à la lumière son équivalent coloré. Je compare la lumière à une pièce qu’on tisse, dont le rayon constitue la chaîne, et l’onde (impliquant toujours une répercussion), la trame ; la couleur n’intéresse que celle-ci.

Si j’examine l’arc-en-ciel ou le spectre projeté sur une muraille, je vois une gradation, aussi bien que dans la nature des teintes, dans leur intensité relative. Le jaune occupe le centre de l’iris et le pénètre jusqu’à ces frontières latérales qui, seules, l’excluent au fur qu’elles s’obscurcissent. Nous pouvons appréhender en lui le voile le plus immédiat de la lumière, tandis que le rouge et le bleu en font, réciproques, l’image, la métaphore aux deux termes équilibrés. Il joue le rôle de médiateur ; il prépare en s’associant aux bandes voisines les tons mixtes et par ceux-ci provoque les complémentaires ; en lui et par lui, l’extrême rouge, combiné avec le vert, de même que le bleu combiné avec l’inverse orange, disparaissent dans l’unité du blanc.

La couleur est donc un phénomène particulier de réflexion, où le corps réfléchissant, pénétré par la lumière, se l’approprie et la restitue en l’altérant, le résultat de l’analyse et de l’examen