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la participation de chaque objet à la source commune de la gloire : le dessin exprime l’énergie propre de chaque être, son action, son rythme aussi et sa danse. L’une manifeste sa place dans l’étendue, l’autre fixe son mouvement dans la durée. L’une donne la forme, et l’autre donne le sens. Et comme le Japonais, insoucieux du relief, ne peint que par le contour et la tache, l’élément de son dessin est un trait schématique. Tandis que les tons se juxtaposent, les lignes s’épousent ; et comme la peinture est une harmonie, le dessin est une notion. Et si l’intelligence qu’on a de quoi que ce soit n’en est qu’une aperception immédiate, entière et simultanée, le dessin, aussi bien qu’un mot fait de lettres, donne une signification abstraite et efficace, et l’idée toute pure. Chaque forme, chaque mouvement, chaque ensemble fournit son hiéroglyphe.

Et c’est ce que je comprends alors que je me vautre parmi les liasses d’estampes japonaises, et à Shidzuoka parmi les ex-votos du temple, je vis maints exemples admirables de cet art. Un guerrier noir jaillit de la planche vermoulue comme une interjection frénétique. Ceci qui se cabre ou rue n’est plus l’image d’un cheval, mais le chiffre dans la pensée de son bond ; une sorte de 6 retourné accru d’une crinière et d’une queue représente son repos dans l’herbage. Des