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kagura sacrée sur son estrade, le visage encadré de la coiffe blanche, tenant dévotieusement entre ses mains la touffe d’or, le rameau glandifère, a pour moi exécuté la danse qui consiste à revenir toujours, à s’en aller, à revenir encore.

Au lieu que l’architecture chinoise a pour élément premier le baldaquin, les pans relevés sur des pieux de la tente pastorale : au Japon, le toit de tuiles ou celui, si puissant et si léger, d’écorce comme un épais feutre, ne fait voir qu’une courbure faible à ses angles : il n’est, dans son élégante puissance, que le couvercle, et toute la construction ici évolue de l’idée de boîte. Depuis le temps où Jingô Tennô sur sa flotte conquit les îles du Soleil-levant, le Japonais partout conserve la trace de la mer. Cette habitude de se trousser jusqu’aux reins, ces basses cabines qui sont sa demeure sur un sol mal sûr, l’habile multitude des petits objets et leur soigneux arrimage, l’absence de meubles, tout encore ne décèle-t-il pas la vie étroite du matelot sur sa planche précaire ? Et ces maisons de bois que voici, elles-mêmes, ne sont que l’habitacle agrandi de la galère et la caisse du palanquin. Les prolongements entrecroisés de la charpente, les brancards obliques dont les têtes ouvragées saillent aux quatre angles, encore, rappellent le caractère portatif. Parmi les