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lesquelles on avait plané au-dessus de la terre, et les baisers merveilleux qu’une princesse féerique avait amoncelés pieusement aux pieds du fumeur… au fait c’était l’ignoble petite guenon annamite ; quand même, elle avait un joli geste de chatte, pour s’accroupir entre vos jambes, — discrète…

Incontestablement, levé trop tôt. Encore un peu de café, pour sécher cette maudite sueur. — Tristes, les retours à bord pareils au retour de cette nuit, et les pousse cahoteux et vacillants, et les sampans humides qui sentent la pourriture, et les nausées qui balancent le cœur comme dans une escarpolette…

Avant de passer le veston de toile orné d’or, il mouilla sa main et l’appuya au creux de sa taille : Pareillement fraîche, hier, la caresse de la petite Japonaise Otaké-San ; il crispa l’un après l’autre, — en souvenir, — tous ses ongles contre sa peau. Puis il mit le veston, et y agrafa un faux-col et des manchettes, pour faire semblant d’avoir une chemise, et s’épargner une étoffe de plus. La chaleur commençait de croître.

Il poudra un peu ses paupières trop sombres, et rougit au tampon les pommettes de ses joues. Il eut alors l’air absolument dispos, et sortit de sa chambre.

Sur le pont, les tentes étaient faites, les rideaux baissés, et l’on arrosait les virures. La musique amirale était assemblée. Un timonier veillait la montre d’habitacle. Aux coupées, les factionnaires chargeaient leurs fusils pour les couleurs du matin.

Fierce regarda l’heure et fit frapper la flamme trico-