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V

— « Le Tout-Saïgon ? demanda Fierce en regardant les loges, vides pour la moitié.

— Le Tout-Saïgon, dit Mévil. Le théâtre est trop grand pour le public. C’est d’ailleurs bien combiné, car il y fait moins chaud. — Habituellement, la salle est quasi-déserte. Mais ce soir, public des premières : une chanteuse débute, et quoiqu’elle soit certainement mauvaise, comme elles sont toutes, il est de bon goût de venir la regarder, sinon l’entendre. »

Sans s’inquiéter du rideau levé, ni des acteurs, il s’adossa contre un fauteuil et dit : « Je fais cornac », en montrant à Fierce chaque loge du bout de son doigt, impertinemment.

« Avant-scène droite, entre les drapeaux tricolores : S. E. le gouverneur général de l’Indo-Chine, — citoyen quelconque dans la métropole, mais ici proconsul de la République et vice-roi. — Oui, ce petit vieux à museau chafouin. — Son voisin, la noble