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XXII

Plusieurs escadres, — anglaise, allemande, russe, américaine, — étaient assemblées à Hong-Kong, et la rade de guerre, encombrée de navires, semblait une cité cosmopolite, une Venise internationale, où tous les pavillons du monde flottaient sur un archipel de palais d’acier. Côte à côte, cuirassés et croiseurs s’alignaient amicalement, sans souci de querelles anciennes ni de guerres prochaines. Le vent était à la paix ; on fraternisait.

Canots, vedettes, baleinières se croisaient en tous sens dans un incessant va-et-vient. C’étaient des visites, des salutations, des renseignements ; le défilé des aides de camp encombrait les coupées ; les carrés et les wardrooms étaient des salons mondains où le champagne coulait sans trêve ; et l’on parlait anglais, français, russe, japonais même, comme dans une moderne Tour de Babel.

Cela durait tout le jour, et le soir apportait un surcroît d’agitation dans la flotte et dans la ville en-