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avez peut-être des difficultés… d’emménagement ? puis-je, en amie, vous être utile ? je sais rendre ces services-là.

— Je n’en ai jamais douté, » fit le médecin ironique.

Une robe vert nil passa au bout de l’allée. Mévil crut reconnaître Mme Malais.

« Voici, dit-il promptement en donnant les billets ; nous sommes quittes ; et quant à l’autre affaire, n’en prenez point de souci : j’opère toujours moi-même. »

Ils se séparèrent. Mme Ariette retrouva son mari dans le salon de jeu.

— « Ma poche est déchirée, dit-elle, voulez-vous me garder ma bourse ? »

L’avocat couleur de citron prit négligemment la bourse, — et baisa la main.

Raymond Mévil cependant poursuivait la robe verte. Elle passa dans l’embrasure d’une fenêtre éclairée ; ce n’était pas Mme Malais. Déçu, le docteur chercha au fond du parc.

Sur un banc isolé, — mais point obscur, — il vit un couple assis, silencieux ; — Mlle Sylva et Fierce. Une jalousie triste le perça comme une épée.

Il marcha plus vite dans l’allée déserte. Contre un arbre, un homme s’adossait, qui le heurta au passage. Mévil, étonné, reconnut Claude Rochet le journaliste, qui, pour un soir, avait laissé son bouge ignoble du quartier Boresse. Il ricanait de sa bouche gloussante ; il trébucha pour ramasser un gant échappé