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Mais vous le souffrirez, son honneur vous est cher
Et vous ne voudriez pas qu’on peut vous reprocher,
Que privé de l’honneur qu’attend votre victoire,
Il eut suivi de loin le char de votre gloire,
Et que l’on prit enfin ce Prince généreux
Pour un témoin oisif d’un combat si fameux.

PERDICCAS.

Si votre Majesté pour conserver ma vie
Lui défend d’achever sa généreuse envie,
Et si votre pouvoir agissant pleinement
Songe à me dérober à son ressentiment.
Ces soupçons délicats, et mortels à ma gloire
D’un reproche éternel souilleraient ma mémoire,
Et flétrissant mon nom me feraient voir à tous
Indigne des honneurs que j’ai reçus de vous.
Quoi ? L’on aurait pour moi des sentiments si lâches ?
Et je serais noirci de ces honteuses taches !
Il ne sera pas dit : non il ne dira pas,
Que jusqu’à votre tente il poussa Perdiccas,
Et que là ne pouvant assouvir sa colère
Lassé de tant poursuivre un si faible adversaire
Son cour avec dédain reprochait à ses yeux
Une lâche défaite un triomphe odieux.