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Et j’avais mérité de perdre ce que j’aime,
Pour la haine des Dieux, et non pas par vous-même.

LA REINE.

Jouis de ta fortune et soutiens dignement,
L’illustre choix d’un Dieu, qui s’est fait ton amant.


Scène X.

JUPITER, SÉMÉLÉ.
SÉMÉLÉ.

Ah ! Déesse sans vous par un ordre sévère…
Mais que vois-je ? Est-ce vous, Minerve ou votre père ?
D’où me vient tout d’un coup un trouble si puissant ?
À juger des transports que mon amour ressent,
J’en connais la cause, et si je l’ose dire,
Ils ne sont pas de ceux qu’une Déesse inspire.
Ces traits me sont connus sous ce déguisement :
C’est Jupiter lui-même, ou du moins mon amant.

JUPITER.

Princesse pouvez-vous séparer l’un de l’autre ?

SÉMÉLÉ.

Mon amour est trop grand pour soupçonner le vôtre ;
Les surprenants effets d’un merveilleux pouvoir,
Cent miracles d’amour me le font assez voir.
Cependant cet amant n’est pas le Dieu que j’aime,
Et je puis opposer Jupiter à lui-même,
Puisqu’un Dieu de sa part, dont je ne puis douter,
M’apprend qu’un imposteur s’érige en Jupiter.