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SÉMÉLÉ.

Ah ! Dircé, c’est ici qu’un scrupule si fort,
Pour révolter mon cœur redouble son effort.
Quoi j’aurais dit partout que c’est un Dieu que j’aime,
Et je pourrais tomber dans cette honte extrême,
D’avouer que j’ai feint d’aimer en si haut lieu,
Ou dans la lâcheté d’abandonner un Dieu ?
Non je dirai toujours que Jupiter m’adore.
Je l’ai dit, je l’ai cru, je le veux croire encore.
Peut-être que Mercure avec un faux rapport…
Mais le Prince paraît, je tremble à son abord.
Glorieux sentiments, dont je suis idolâtre,
Ramassez votre force, on vient pour vous combattre ;
Ne vous démentez point, épargnez à mon front,
La honte qui suivrait un changement si prompt.


Scène III.

ALCMÉON, SÉMÉLÉ, DIRCÉ.
ALCMÉON.

Madame vous savez l’ordre de votre père :
Pardonnez si l’ardeur d’un amour téméraire,
Se laissant emporter au dernier désespoir,
Abuse contre vous du souverain pouvoir.
Je me suis dit cent fois en secret, à moi-même,
Qu’il faut cesser d’aimer quand Jupiter vous aime,
Et que d’un faible amant le sort trop inégal,
Doit trembler près d’un Dieu qui s’est fait mon rival.