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Voulez-vous tout pour vous, tout son temps, tous ses soins ?
Pour être un peu galant vous en aime-t-il moins ?
Croyez-moi, laissez-lui ces ardeurs passagères,
Cette courte inconstance, et ces flammes légères :
Les beautés de la terre avec tous leurs appas
Amusent Jupiter, et ne l’arrêtent pas.

JUNON.

Quoi le censeur des Dieux excuse un infidèle ?

MOMUS.

Je me lasse d’ouïr cette vieille querelle,
Ce courroux importun qui trouble tous les Cieux,
Et dont vous fatiguez les hommes et les Dieux.

JUNON.

En effet je rougis de l’ardeur qui m’emporte ;
Va dire à Jupiter que ma fureur est morte :
Mais cache-lui l’état où tu trouves Junon ;
Adieu je vais reprendre et mon char et mon nom.

MOMUS.

Je vous serai fidèle, et je saurai me taire,
Elle a beau déguiser sa haine et sa colère ;
Elle m’en a trop dit pour cacher son courroux.
Allons de sa vengeance avertir son époux :
Si j’offense Junon, que ne se souvient-elle
Que j’ai pour le secret une haine mortelle ?