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DIRCÉ.

Contentez sur un point mon curieux désir,
Dites-moi, si les Dieux aiment comme les hommes.

SÉMÉLÉ.

Quand il s’agit d’aimer, ils sont ce que nous sommes.
Pour être plus que nous aiment-ils autrement ?
Ils diffèrent de nous en ce point seulement,
Qu’un Dieu maître de tout, ainsi que de lui-même,
Se fait tout ce qu’il veut, pour plaire à ce qu’il aime,
Et peut se faire un cœur, plus sensible et plus doux,
Et plus tendre que ceux que le Ciel fait pour nous :
Mais c’est trop s’arrêter, Jupiter s’en offense.
Au moins n’abuse pas de cette confidence,
Et crains de mon amant le souverain pouvoir.


Scène III.

DIMAS, ALCMÉON, SÉMÉLÉ, DIRCÉ.
DIMAS.

Le Prince est là, Madame, et demande à vous voir.

ALCMÉON.

Madame pardonnez à mon impatience.

SÉMÉLÉ.

Quoi, Seigneur, si matin prendre cette licence.

ALCMÉON.

Par un doute cruel mon cœur est si pressé,
Qu’il veut savoir le coup dont il est menacé :
Je meurs à tout moment dans cette incertitude,
Prenez quelque pitié de mon inquiétude ;
De grâce apprenez-moi quelle ingrate froideur
Change l’heureux destin de ma fidèle ardeur.