Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

Scène II.

THALIE, MELPOMÈNE.
THALIE.

Hé bien toujours ma sœur sur quelque grand ouvrage,
J’ai tort d’oser ainsi troubler votre repos :
Je vois bien qu’au milieu de ces fameux Héros
Votre esprit se remplit de sentiments tragiques.
Vous n’aimez que les vers enflés et magnifiques.

MELPOMÈNE.

La pompe vous déplaît et vous fait mal aux yeux :
Vous décriez partout le langage des Dieux.
C’est savoir se connaître, et c’est par cette adresse
Qu’étant faible on se fait honneur de sa faiblesse.

THALIE.

Selon vous tout est faible, à moins d’être en fureur.
Guérissez votre esprit d’une si longue erreur :
Je viens vous détromper et non pas vous combattre :
Ne me disputez plus la gloire du Théâtre ;
Votre Règne est passé, le mien vient à son tour ;
Vous êtes du vieux temps et de la vieille Cour ;
Tout le monde aime à rire, et j’en sais la méthode :
Vos tristes entretiens ne sont plus à la mode ;
Louis m’aime en un mot, j’ai pour lui des appas.

MELPOMÈNE.

Il vous aime il est vrai, mais il ne me hait pas,
Et pour dire tout haut ce que j’en ose croire,
Louis me doit aimer puisqu’il aime la gloire.