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L’ingrate, à qui le Ciel vient de ravir le jour,
Trop digne de sa peine, et non de tant d’amour,
Entraîne par sa mort un amant trop fidèle ;
Il vivait pour ma fille, il va mourir pour elle.
Hélas ! Le roi d’Argos, ce père infortuné,
Envoya dans ma cour un amant couronné,
Un héros plein d’honneur, de gloire et d’espérance,
Et je lui rends… Ô Dieux ! C’est Atys qui s’avance,
Et je vois dans ses pleurs le malheur que je crains.


Scène IX.

LE ROI, LA REINE, ATYS, Suite, etc.
LE ROI.

Hé bien le Prince est mort.

ATYS.

Nos soins ont été vains.
Voyant que par votre ordre, on s’obstine à le suivre ;
Quoi (nous dit-il) veut-on me contraindre de vivre ?
Quelle pitié barbare, et quel injuste effort
Me condamne à la vie, et m’arrache à la mort !
Mais que tout l’univers s’oppose à mon envie,
Je sais mille chemins pour sortir de la vie.
Là tirant son épée, et par un coup pressé,
De son fer raccourci, dans son sein enfoncé,
Il prévient mon dessein, et trompant notre zèle,
Il tombe dans son sang d’une chute mortelle.
Puis donnant à l’objet de ses tendres désirs,
Et ses derniers moments, et ses derniers soupirs,