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ligent, assez clairvoyant ! Il est fait pour appeler et supporter toutes les bonnes fortunes, et pour braver toutes les mauvaises. Habile à deviner les dangers, à les éviter avec tact, il est capable comme personne de les regarder en face et de les combattre en paladin, après avoir essayé de les détourner en politique. Il connaît à la fois et à fond l’escrime du monde et celle des salles d’armes ; il se défend dans un salon comme sur le terrain ; il est à l’aise sur le terrain comme dans un boudoir. C’est qu’on est toujours le fils de quelqu’un, surtout en littérature. Camors a reçu de ses frères aînés toute leur science pratique et toutes leurs qualités romanesques. Il traite les affaires avec la sûreté de coup d’œil de Montjoie et monte à cheval, rime et dessine « avec la grâce du jeune homme pauvre». Rien dans le cœur au surplus qu’un vide immense, rien dans le cerveau qu’une façon de délire ambitieux, mais cela suffit encore pour marcher droit au but déterminé et pour se tirer à son honneur de la bataille humaine.

Eh bien ! encore une fois non, cela ne suffit pas. La preuve, c’est que M. de Camors est battu ; sa barque sombre et sa fortune avec elle. Il lui manque l’étoile qui dirige le pilote, la clarté