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À cette heure-là, François Coppée faisait déjà des vers ; à douze ans, il traduisait ses versions en rimes. Le père était alors mis à la retraite. La vie devenait dure chez les braves gens. Trois filles sans dot ! Une seule, la seconde, se mariait au peintre-verrier Lafaye ; la troisième allait bientôt mourir à vingt-deux ans ; l’aînée resterait fille : c’est aujourd’hui la chère Annette de Coppée, sa compagne de toujours, sa maternelle amie.

L’enfant quitta le collège après la troisième, François Coppée n’est pas bachelier. Ce n’est pas faute d’avoir étudié. Il compléta de son mieux son instruction par des lectures, passant toutes ses soirées sous les becs de gaz de la bibliothèque Sainte-Geneviève ; — il en eut même une maladie d’yeux. Cependant, le père devenant paralysé du cerveau, on alla loger en haut de Montmartre ; Coppée resta pendant deux ans surnuméraire, sans traitement, au Ministère de la guerre. C’est un temps noir, et de souvenirs tristes qui n’ont pourtant laissé d’autre trace en cette nature d’élite, d’autre sentiment que de la pitié pour les souffrants. D’autres ont gardé d’épreuves pareilles des haines de réfractaires et une boulimie d’argent