Page:Claretie - Eug. Labiche, 1883.pdf/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’on pourrait mettre son Théâtre entre les mains d’une jeune fille. Un franc Gaulois qui est un fin Français.

N’est-ce pas lui qui nous écrivait un jour, avec sa modestie sincère d’homme vraiment remarquable (les maîtres seuls et les forts sont modestes) :

« On me dit que j’ai fait des œuvres. Eh bien, je ne m’en doutais pas. Je ne songeais qu’à m’amuser en écrivant ! »

Sans doute. Mais je l’ai dit et le répète, c’est ainsi qu’on amuse les autres et qu’on donne au public de ces œuvres saines, vigoureuses, conçues dans la joie, et qui dureront tant qu’il y aura en France des ridicules à railler et du goût pour applaudir les railleurs.

C’est dire, je pense, que le Théâtre d’Eugène Labiche a des chances de durer longtemps. Et ce qui nous console de l’éternité de la bêtise, fort heureusement, c’est l’éternité de l’esprit.

S’il fallait le définir vivement et pour me résumer, ce magistral et gai Théâtre de Labiche, savez-vous comment je l’appellerais : Le Théâtre d’un Honnête Homme en belle humeur.