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Gaule. Nous ne nous ressemblons pas. Va ton chemin ! Moi, je ne songe qu’à l’homme de Nîmes et, pour bien faire, il faudrait que mon roman fût lu tout haut, avec l’accent du Midi !

Rien de plus vrai que cette observation dernière. Il y a, dans ces pages éblouissantes et capiteuses de Numa Roumestan quelque chose de cet accent qu’avait Daudet lorsqu’il chantait, à Seine-Port, la chanson de Dollingeinn, et sa fête, — ce mateing, c’est certeing ! Il y a aussi du soleil à poignées, la fine lumière du Midi, le bruit de la foule, — joie de rue, douleur de foyer, et consolante, pénétrante, la bonne odeur du coin du feu, la flamme douce du logis, la lueur calme de la lampe après les pétards du feu d’artifice.

Jamais Daudet n’a été plus brillant et plus net. Son style merveilleux a même là, dans son admirable souplesse, une simplicité nouvelle avec son pittoresque habituel. Style qui sait tout peindre, comme l’œil sait tout voir. Et quand je pense que ce peintre, — pour répéter le mot, — est myope ! Oui, mais d’une myopie qui voit toutes choses, comme une lentille de microscope. Daudet est un poète na-