Page:Claretie - Alphonse Daudet, 1883.pdf/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

versation sur la route ou chez le voisin, entendus par ma fenêtre ouverte. « Les Prussiens sont à Châlons, mère Jean », et les voitures de déménagement, soulevant à toute heure la poussière du calme petit pays, me donnaient l’écho humain et sinistre de ma lecture des « nouvelles de la guerre ». Bientôt, dans Champrosay, il n’y eut plus que nous de Parisiens, seuls parmi les paysans entêtés à la terre, se refusant encore à l’idée de l’invasion ; et sitôt que je pus me lever, être transportable, le départ fut tout de suite arrêté !

L’auteur de tant de récits devenus populaires a pris soin, de la sorte, en de très curieuses préfaces, d’expliquer lui-même comment il procède pour l’exécution de ses livres. Il les porte longtemps en lui, souvent il les essaye, si je puis dire, sur le public. Le Nabab et la Mort du duc de Mora figurent à l’état d’études rapides dans le joli volume de Robert Helmont. Daudet a toujours devant lui un type vrai, la nature. Il a conté l’histoire même, l’histoire véridique de Jack. Il a donné la clef de ce cénacle bizarre des ratés : « Moronval, dit-il, Moronval, le mulâtre, a vécu, lui aussi ; il a collaboré à la Revue coloniale et, après 1870, fut quelque temps député