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pas craint de parler de morale à quinze cents personnes assemblées et habituées aux clinquants des féeries et aux sous-entendus, au déboutonné de l’opérette ; il a tenté de faire — c’est là sa gloire — une chaire à la fois et une tribune avec les planches poudreuses d’un tréteau.

Après avoir salué cette œuvre-maîtresse, dramatique et méditative à la fois, où le théâtre parle la langue d’un La Rochefoucauld, il me resterait à peindre Alexandre Dumas chez lui, dans ce cabinet de travail de l’avenue de Villiers, accessible à tant de solliciteurs, sorte de confessionnal laïque où viennent murmurer leurs confidences bien des Madeleines repenties et bien des Chatterton qui veulent vivre ; retrait artistique, empli de tableaux de prix et de sculptures rares et d’où le maître s’échappe lorsqu’il y a quelque œuvre à parfaire et quelque labeur à achever.

Mais Dumas s’est peint chez lui mieux que je ne le saurais faire. Il est de ceux d’ailleurs qui se livrent eux-mêmes, qui se montrent tout entiers dans le laisser-aller d’une causerie, dans les menus propos d’une rencontre, dans les feuillets d’une lettre intime. Peut être,