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étendu que tous les autres, et que je mets toujours hors ligne, a laissé encore des lacunes à remplir. C’était donc, ce me semblait, rendre service aux arts, à l'archéologie et au Musée, que d'offrir un ensemble complet. C’est ce que j'ai entrepris, et j'ose croire qu'il n'a rien échappé à mes recherches et au crayon des dessinateurs qui m’ont prêté leur talent.

Faire connaître, dans tous leurs détails, les productions de la sculpture antique que possède le Louvre, ce n’était qu’achever ce que d’autres avaient déjà plus ou moins bien fait. Je ne crus pas devoir m'arrêter là : mon plan pouvait s’étendre et acquérir plus d’intérêt. Le palais qui, depuis tant du siècles, fait par sa beauté la gloire de Paris, après avoir longtemps, par sa force, servi à sa défense, et qui, malgré les critiques auxquelles peuvent prêter les disparates de son architecture, n'en est pas moins un des plus somptueux édifices royaux de l'Europe ; ce Louvre, dont l'origine se cache dans les obscurités des premiers temps de notre histoire, et se rattache presque au berceau du notre glorieuse monarchie, méritait bien d’attirer les regards d'une manière particulière. Il me semblait qu’on les arrêterait avec plaisir et avec une sorte de vénération sur cette antique demeure que nos rois se sont toujours plu à embellir, et où ils aimaient à venir prendre leurs esbats et se reposer des fatigues de la guerre au milieu des chefs-d'œuvre des arts de leur temps, des savans, des artistes auxquels ils les devaient, des guerriers qui avaient partagé leurs succès ou leurs revers, et des belles qui les consolaient ou les récompensaient. Notre Louvre ne pourrait-il pas bien d’ailleurs revendiquer les droits que l’on ne fait pas difficulté d’accorder aux monumens antiques grecs et romains, et qu’il est en état de soutenir par la richesse de ses souvenirs historiques et la beauté de ses détails ? Les Grecs et les Romains ne montraient ils point un noble orgueil, du temps des Césars, des monumens qui ne dataient que de peu de siècles avant eux, et beaucoup moins alors que ne l’est pour nous aujourd’hui le Louvre, si nous remontons à son origine ? Pourquoi nos antiquités auraient elles moins de prix à nos yeux, qu’à ceux des Grecs et des Romains les monumens de leur patrie ? Je crus donc qu'avant d’exposer les trésors que nous a légués l’antiquité étrangère, je pouvais présenter l'histoire de notre antique palais qui les renferme. On avait, il est vrai, à me repro- [VI]