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écrivains les plus anciens n’offrant que des guides qui nous dirigent beaucoup moins qu'ils ne nous font errer à l'aventure à travers ces ténèbres, nous avons recours à des conjectures et à des rapprochemens avec des châteaux que présentent les peintures d’anciens manuscrits, et où l’on peut trouver, de même que dans l’antique roman de la Rose, dans l’architecture du donjon de Vincennes et de quelques parties de Saint-Denis, de l’analogie avec ce que devait offrir le Louvre, si ce n’est à ses premiers temps, du moins aux époques qui les ont suivis depuis Louis le Gros, Louis le Jeune, Philippe Auguste, jusqu’à Saint-Louis et à Charles V. L’on sait que ce furent ces princes qui, lorsque le Louvre n’était plus un petit château de plaisance près de Paris, au milieu des bois sur le bord de la Seine, s’occupèrent le plus d’agrandir, d’embellir et de fortifier un manoir dont ils faisaient leur résidence habituelle et l’une des défenses de Paris, qu’ils voulaient être les premiers à protéger contre les attaques de I’ennemi. Privé de plans, de cartes à l'aide desquels on puisse remonter à des temps un peu anciens, et il n’y en a pas qui, antérieurs au plan de la tapisserie (1548), vous mènent au delà du milieu du XVIe siècle, n’ayant presque pour principaux documens que ceux que l’on peut tirer de du Breuil, de Corrozet, de Germain Brice, de Sauval, qui, bien que précieux, sont loin d’être toujours précis et satisfaisans ; ce n’est pas chose aisée que de reconstruire le Louvre tel qu'il devait être à l’époque de Charles V. Déjà plusieurs fois il avait changé d’aspect, et il était bien différent de ce qu’il offrait sous la seconde race de nos rois ; car il est assez probable qu'il existait dès lors comme château des bois. Pendant cette longue série d’années, ce château dut passer par toutes les vicissitudes qu’éprouva l’architecture, depuis le plein cintre romain jusqu'à l’ogive qui, naturalisée en France sous plusieurs formes, avec toutes ses variétés et sa licence d'ornemens, au retour des croisades, s’empara bientôt de tous nos édifices et leur fit prendre un caractère tout à fait nouveau.

Le Louvre, étant d’ailleurs un fort en même temps qu’un château de plaisance, se ressentit sans doute des changemens que reçurent successivement les armes et les moyens d'attaque et de défense. Ses murs et les nombreuses tours dont il était hérissé durent, lorsqu'ils eurent à résister et à protéger contre les effets prodigieux de la poudre, même dans l'enfance de cette terrible invention, se présenter [XLVI]