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les y conduit, et, passant en revue les diverses substances plus ou moins propres à la sculpture, et qui y ont été employées, et les instrumens dont on y fait usage, nous y verrons modeler en argile une statue, qui sera reproduite en plâtre, en marbre, en bronze ou en bois. Ce sont des opérations très simples et sur lesquelles on peut facilement, en quelques heures, acquérir des connaissances suffisantes, et cependant une foule de personnes, même parmi celles à qui les arts ne sont pas étrangers, qui comprennent même assez bien la partie manuelle de la peinture, n’ont pas la moindre idée de celle de la statuaire et de ses diverses branches, de sa marche, de ses outils et de ses moyens d’exécution, et ne se figurent nullement comment est produite une statue en marbre ou en bronze. Peu importe, il est vrai, à ceux qui la voient, pourvu qu'elle leur plaise ; ce sont cependant des choses bonnes à savoir, ne fût ce que pour n'être pas par trop étranger aux pratiques de l’art, si par hasard l'on entre dans un atelier. En y introduisant mes lecteurs, j'ai cherché à leur développer avec clarté ces procédés divers et variés du modeleur, du mouleur, du sculpteur et du fondeur, en offrant, pour ainsi dire, l’histoire de toutes les matières employées par les anciens et par les modernes dans la sculpture et la statuaire. Remontant à l'origine et à l'emploi des instrumens, nous suivons l'artiste dans toutes ses intéressantes et graduelles opérations, depuis le moment où, nouveau Prométhée, il tire une figure de la terre, la façonne, la crée, l’anime, jusqu'à celui où le marbre, le bronze, l’or et l’ivoire, devenus une divinité, un grand homme, commandent et reçoivent les hommages de tout un peuple d'admirateurs.

J'ai cru devoir entrer dans des détails assez circonstanciés sur la sculpture polychrome, ou en matières diverses de couleurs et de nature, et surtout sur la statuaire chrysélephantine, ou en or et en ivoire, que notre goût moderne semble aujourd'hui réprouver, malgré la haute estime dont elle jouissait chez les anciens. Car l'on sait que ces brillantes substances, alliées aux émaux et aux pierres précieuses, produisirent, sous la main de Phidias, d'Alcamène et de leur école, ces chefs-d’œuvre colossaux dont la beauté sublime excita si longtemps à Olympie, à Athènes et dans tant d'autres villes célèbres, l’admiration de l'antiquité, et nous a valu le bel ouvrage de M. Quatremère de Quincy sur le Jupiter Olympien de Phidias Toute cette partie technique de mon travail n’en était peut-être pas la plus facile [XLIII]