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que dans l’intérêt des arts et de ceux qui les cultivent. On croirait qu’elles sont à leur service ; qu'on doit s’empresser de leur offrir tous les moyens de les étudier, et d'en emporter de nombreux et utiles souvenirs. Il y a des pays, et surtout Paris, Londres et Munich, où cela se passe ainsi, et où l'étude, jouissant sans réserve de toute liberté et de tout secours, n'éprouve nulle prohibition, et là, dans ce vaste et noble commerce des arts, on ne peut être forcé à la contrebande puisqu'il n'y a aucuns droits. Mais malheureusement il n’en est pas ainsi partout, et l'un est loin de trouver les mêmes facilités. On conçoit, jusqu'à un certain point, que des possesseurs de belles productions de la peinture, dans leur passion jalouse, ne permettent que très difficilement, ou même ne permettent pas à des mains habiles de faire des copies de certains tableaux, par la crainte de les voir passer un jour pour des originaux ou pour des répétitions de chefs-d’œuvre acquis à grand prix, et que l’on conserve avec un religieux respect et une espèce de tendre avarice : ce sont de ces trésors où l'on craindrait de voir venir se mêler des pièces fausses. Il en est de même des figurines en bronze, qu’il est assez simple de ne pas aimer à laisser mouler en plâtre, que des gens adroits reproduiraient bientôt un bronze, et tellement semblables aux originaux, que, placées dans des cabinets de réputation, elles pourraient disputer aux bronzes antiques qui les ont produites Ieur propre originalité ; ce sont des enfans naturels qui usurpent des titres et s’emparent de la maison paternelle, et il est assez triste pour le possesseur de morceaux de grand prix de voir mettre en doute leur authenticité.

Mais il n'en est pas des statues antiques comme des tableaux ou des figurines en bronze. Quels risques pourrait courir l’intérêt ou l’honneur des musées ou des collections qui les possèdent, en permettant de les dessiner ? aucuns ; de mauvais dessins ne nuiraient même pas à la réputation de leurs beaux monumens : ils seraient certainement plus d'une fois vengés par des copies exactes et faites avec talent. Les statues n'ont pas plus à craindre que leurs propriétaires de se voir reproduites en marbre ou en bronze d'après les dessins les plus habilement exécutés, qui ne parviendraient jamais à rendre suspecte leur originalité, et ne pourraient que contribuer à les faire connaître. On ne conçoit donc pas les embarras que font éprouver certains musées, qui heureusement sont rares, pour accorder de des- [XIII] siner