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CICÉRON.

ont fait, et comment ils transportèrent chez eux, quoique bien tard, ces sortes de sciences qui étaient particulières aux Grecs. Tout ce qui regarde les auspices, les comices, les appels, le sénat, la cavalerie, l’infanterie, l’art militaire ; tout cela, dès la naissance de Rome, fut divinement règle, tant par nos rois que par nos lois. Pour tout le reste, du moment que la république eut secoué le joug de la royauté, on se hâta d’arriver a la perfection ; et les progrès furent d’une rapidité qui n’es ! pas croyable. Mais ce n’est pas ici le lieu de m’étendre sur la discipline établie par nos ancêtres, sur notre police, sur notre gouvernement. J’en ai parlé ailleurs assez au long, surtout dans mon traité de la République, divisé en six livres. Quant aux sciences donc, je trouve qu’il y a tout sujet de croire que nos pères les ayant tirées d’ailleurs, les ont goûtées, maintenues et cultivées. Ils avaient presque sous leurs yeux le grand, le sage Pythagore ; car il vivait en Italie, du temps que ce Brutus, par qui votre nom a été si dignement illustré, mit fin à l’esclavage de sa patrie. Or je suis persuadé, que comme la doctrine de Pythagore se répandait de tous côtés, elle parvint jusqu’à Rome : et outre que cela est de soi-même assez probable, d’ailleurs il en reste des vestiges, qui ne permettent guère d’en douter. Peut-on, en effet, se figurer que, pendant tout le temps que les Grecs eurent des établissements si considérables dans cette partie de l’Italie, qui fut appelée la Grande Grèce, nos Romains n’entendirent parler, ni de Pythagore lui-même, ni de ses disciples, dont les doctes leçons tirent tant de bruit ? Je crois bien plutôt que c’est là ce qui depuis à fait mettre au rang des Pythagoriciens, le roi Numa. On savait quels étaient les préceptes de Pythagore : la tradition apprenait quelle avait été la sagesse, l’équité de Numa : et là-dessus, comme on était peu versé dans la chronologie de ces temps reculés, on s’est imaginé qu’un roi, dans qui la sagesse fut portée à un si haut point, avait été à l’école du philosophe.

II. Je ne donne cela que pour une conjecture. Mais à l’égard des vestiges qui nous restent des Pythagoriciens, il serait aisé d’en produire quantité, si c’était ici notre objet. Je me renferme dans un petit nombre. Telle était, dit-on, leur méthode, qu’ils mettaient en vers les articles secrets de leur doctrine, et qu’après de longues méditations, ils avaient recours au chant et aux instruments, pour se tranquilliser l’esprit. Or Caton, auteur de grand poids, rapporte dans ses Origines, que parmi nos ancêtres c’était aussi l’usage dans les festins de chanter, avec l’accompagnement d’une flûte, les exploits et les vertus des grands hommes. On voit par là, que dès lors nous avions une poésie, et une musique. On voit encore plus formellement par nos Douze Tables, que dès lors les vers étaient connus, puisque la loi défend d’en faire d’injurieux. Alors, de même qu’aujourd’hui, dans certaines solennités de nos temples, et dans les repas publics des magistrats, il y avait des concerts d’instruments, à l’imitation de ce qui se pratiquait dans l’école de Pythagore. Y siècle qui avait pris cette savante école pour son modèle, était-il un siècle d’ignorance ? Je crois même, que le poëme d’Appius l’aveugle, dont Panétius fait de grands élo-

tesque, Brute, soleo mirari ; tum maxime in his studiis, quae sero admodum expetita ni liane civitatein e Grtrcia translulerunt. Nam cum a primo urbis ortu, regiis instituts, parlim etiam legiiius, auspicia, carimonias, comitia, proTocatkmes, palrum eonsilium, eqoitum peditumque deseriplio, tota res mililaris, dhmitns esset conslilula ; tum progressif) admîrabilis incredibilisque cursus ad omnem excellentiam faclus est, dominata regio republica lîberata. RccTcrohiclocusest,ntdeiDoribusinstitutisque majorant, et disciplina ac lemperatione sex libris quosde Republica scripsi mus. Hoc autern loco consideranti milii studia doctrinas, multa saneoccurnmt, cureaqno pie arcessita abonde non solumexpetila, sed etiam conserrata et culta videanliir. Liât enira iliis paene in conspecto pr» Lanti sapientia H nobilitate Pytba{Boras, qui fuit in Italia temporibns iisdem, quibus L. Bru tu : patriam liberavit, praeclarus auctor nobilitatis tua ;. Pytliagorœ antem doctrina, cum longe lateque flueret, permanavisse milii videtor in banc civitatem : idque cum conjfctiiia probabile est, tuin quibusdam eliam vestigb’s judicatur. Qui-, est enim qui pntet, cum (loreret in Italia Gracia potentissîmis et maxirais mnilms, ea quae .Magna dicta est ; in bisqueprimum ipsius Pythagorae, deinde posla Pylhagoreorum tantum nomen esset ; nostrorum liominum ad eorum doctissiraas oces aures clausas fuisse ? Onin etiam arbitrer, propter Pyf liagoreorum admiralioneni, Numara (juoque regem Pytnagoreum a posterioribus existiinalum : nam cum Pythagorae disciplinam et institut» cognoscerent, regisque ejus aequitatem et sapientiam a majoiibus suis accepissent ; jetâtes autem et tempora ignoraient propter vetuâtatem, cum, qui sapientia excelleret, Pythagorae auditorem fuisse crediderunt. . Et de conjectura quidem hactenus. Vestigia autem Pylbagoreorum quanquam multa colligi possunt, paucis tamen utemur ; quoniam non i<l agitur hoc lempore. Nam cum carminibus suliti illi esse dicantur, et prœcepla quaedam occullius tradere ; et mentes suas, a cogitationum intentione, cantu fidibusque ad tranquillitatem tradiicere ; gravissimus auctor in Originibus < !iit Cato, mnrein apud majores hune epularum fuisse, utdeinceps, qui accuban ni, canerent ad tibiam clarorum virorum laudes atqtie virtutes : ex quo perspicuum est, et cantns tum fuisse i i riptos vociiin Bonis, et carmina. Quanquam iil quidem etiam duodet im tabulas déclarant, condi jam tum solitiun esse carmen : quod ne liceret fieri ad alterius injuriam, lege sanxerunt. Nec vero illnd non eruditorum lemporum argumentum est, quod et <li orum pnlvinaribus, et epulig magistratuum fides præcinunt : quod proprium ejus fuit, de qua loquor, disciplinæ. Mihi quidem etiam Appii Cæci carmen, quod valde Panætius laudat epistola quadam, quæ est ad Q. Tuberonem, Pythagoreorum videtur. Multa