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CICÉRON.

armes pour leur propre défense, contre les Titans, contre les Géants. Il y a bien de la folie, et à débiter, et à croire des fictions si vaines et si mal fondées. Mais en rejetant ces fables avec mépris, reconnaissons un Dieu répandu dans toutes les parties de la nature : dans la terre sous le nom de Gérés, dans la mer sous le nom de Neptune, ailleurs sous d'autres noms. De quelque manière qu'on nous représente ces divinités, el quelque nom que la coutume leur donne, nous leur devons un culte plein de respect : culte très-bon, très saint, qui exige beaucoup d'innocence et de piété, une inviolable pureté de cœur et de bouche : mais qui n'a rien de commun avec la superstition, dont nos pères, aussi bien que les philosopha S, ont entièrement sépare la religion. Ceux qui passaient toute la journée en prières, en sacrifices, pour obtenir que leurs enfants leur survécussent, furent appelés superstitieux ; et depuis on a donné à ce mot un sens plus étendu. Mais ceux qu'on appelle religieux, ce sont des s exacts à remplir tous les devoirs qui ont port au culte divin. Ainsi l'un de ces noms marque un défaut, et l'autre une qualité louable.

XXIX. Je crois avoir suffisamment montré qu'il y a des Dieux, et quels ils sont. J'ai à faire voir présentement que le monde est gouverné la providence. Vérité importante, que les icadi raiciens s'efforcent de renverser : ou plutôt, au sujet de laquelle je n'ai proprement qu'eux à abattre. Car votre secte, Velléius, ne sait pas trop bien ce que veulent dire les autres. Vous ne lisez, vous ne goûtez parmi vous que vos livres ; vous condamnez, sans connaissance de cause, tout ce qui vient d'ailleurs. Par exemple, ce que vous disiez hier de cette vieille devineresse inventée par les Stoïciens, et appelée Providence, vous ne le disiez que sur ce préjugé, qui est faux, que nous faisons de la providence une déité singulière, par qui tout l'univers est gouverné. Mais notre idée, la voici. Quand nous disons que le monde est gouverné par la Providence, on sous-entend des Dieux ; comme quand on dit qu'Athènes est gouvernée par le Conseil, on sous-entend de l'Aréopage. Pour nous exprimer donc sans restriction, disons que le monde est gouverné par la providence des Dieux. Vos Épicuriens n'ont qu'à se dispenser ici de rire à nos dépens. Ils n'en feront pas même l'essai, s'ils me veulent croire. C'est bien à eux de railler ! Leur convient-il ? et d'ailleurs en sont-ils capables ? Vous, qui à une noble éducation avez joint la politesse que donne le séjour de l'orne, ceci ne vous regarde pas ; mais tombe sur votre secte en général, et nommément sur votre chef, homme grossier, sans étude, qui insulte toute la terre, sans finesse d'esprit, sans mérite, sans délicatesse.

XXX. Je soutiens donc que le monde, avec toutes ses parties, a été formé dès le commencement, et gouverné, sans discontinuation, par la providence des Dieux. C'est ce que nos Stoïciens fondent communément sur trois raisons. La première, l'existence des Dieux étant une fois reconnue, il s'ensuit que que le monde est réglé pat leur sagesse. La seconde, que tout étant soumis a une nature douée de sentiment, et qui met un très-bel ordre dans le monde, il faut, pour trou-