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odieux, vous avez porté atteinte à la majesté de la république, sacrifié des subsides dus au peuple romain, diminué des ressources que la valeur et la sagesse de nos ancêtres lui avaient ménagées ; vous avez attenté à la souveraineté, aux prérogatives des alliés, à la sainteté des traités. Ceux qui, d’après une convention expresse, auraient dû, si nous l’avions exigé, envoyer, à leurs frais et risques, un vaisseau tout armé, tout équipé, jusqu’aux extrémités de l’Océan, ont acheté de vous, au mépris de ces traités et de notre souveraineté, la dispense de naviguer dans le détroit, devant leurs foyers et leurs maisons, et de défendre leur port et leurs propres murailles.

À quels travaux, à quelles corvées, à quelle taxe pensez-vous, juges, que les Mamertins ne se fussent point soumis, quand ils traitèrent avec nous, pour qu’on ne stipulât pas qu’ils nous fourniraient une trirème, s’ils avaient eu quelque moyen d’y faire consentir nos ancêtres ? Car l’obligation n’était pas seulement onéreuse pour eux, elle entachait leur traité d’alliance avec nous d’un caractère de servitude. Et cette dispense, qu’ils ne purent obtenir de nos ancêtres, par leur traité d’alliance, lorsque leurs services étaient encore récens, qu’aucun article n’avait encore été réglé, et que le peuple romain n’éprouvait aucun besoin pressant, aujourd’hui ces mêmes Mamertins, sans avoir rendu aucun nouveau service, après un si long temps, quand chaque année notre droit de souveraineté a été consacré par l’exécution de cette clause, et que nous nous montrons si jaloux de la maintenir, enfin dans des conjonctures où nous avons un extrême besoin de vaisseaux, cette dispense, dis-je, ils l’ont obtenue de Verrès pour une somme d’argent ! Mais ce n’est pas la seule exemption dont ils jouissent ; car quels matelots, quels