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si arides et si couvertes de ronces, que dans le canton de la Sicile le plus fécond et le plus riche nous cherchions la Sicile. L’avant-dernière année avait déjà obéré les laboureurs ; la dernière les a entièrement ruinés.

XIX. Et vous osez encore me parler de dîmes! Vous dont les prévarications, les actes arbitraires, les criantes injustices, ont compromis les exploitations de la Sicile, de cette province dont l’existence repose sur les lois qui régissent sa culture, vous qui avez ruiné les laboureurs et fait déserter les campagnes ; après avoir, dans une province si riche et si abondante, enlevé à tous les propriétaires non pas seulement la récolte de l’année, mais encore les espérances de l’avenir, vous croirez vous être fait un titre à la popularité, parce que vous direz que vous avez affermé les dîmes à un plus haut prix que vos prédécesseurs! Comme si le peuple romain avait voulu, comme si le sénat avait ordonné que l’impôt de la dîme fût pour vous un prétexte d’enlever aux laboureurs toutes leurs ressources, au risque de voir le peuple romain privé pour l’avenir des récoltes nécessaires à sa subsistance, et que cependant, pour avoir ajouté au montant de la dîme une portion de votre butin, vous dussiez paraître avoir bien mérité de la république!

Mais jusqu’ici j’ai parlé comme si chez Verrès il n’y avait d’autre malversation à blâmer que d’avoir, par vanité et pour faire monter plus que certains magistrats les revenus de nos dîmes, imposé une loi plus sévère, rendu des édits plus rigoureux, et compté pour rien l’autorité de tous ses prédécesseurs. Vous avez élevé le prix de la dîme ; mais que direz-vous si je démontre que, sous prétexte de dîme, vous n’avez pas moins détourné de blé à